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Bouillé-Loretz

BAGNEUX

Arrosé par les ruisseaux des Roches et de Pontreuil, Bouillé-Loretz (2676 hectares) Bollée-Loretz en 1227 d’après le Cartulaire de Chambon, faisait partie des marches de Poitou et d’Anjou. La paroisse était du ressort de la vicomté, de l’élection et du doyenné de Thouars.

« La Pierre Plate », « La Pierre Levée », « Le Chatelier » rappellent l’emplacement de mégalithes ou de tumulus disparus qui se dressaient autrefois à la limite territoriale de la tribu des Ambiliates (autour de Doué en Anjou).

 

LES SEIGNEURS

La seigneurie de Bouillé-Loretz relevait, avant le XVème siècle, de Thouars à hommage lige, mais l’autorité royale contestait cette mouvance.

Détruit, pense-t-on, à la fin du Moyen Age, au cours des années troublées de la guerre de Cent Ans, le château primitif, non encore fortifié, se dressait dans le bourg. On le reconstruisit à un emplacement qui fut, quelques siècles plus tard, celui de la mairie et des écoles.

Joannes Mage, premier seigneur connu de Bouillé-Loretz, vivait vers 1300. Lui succédèrent, au XVème siècle, les de Blais. En 1470, Pierre de La Fontaine ayant épousé Renée de Blais, leurs descendants conservèrent la seigneurie  pendant cent trente-trois ans, jusqu’au mariage, en 16a3, de Marie de La Fontaine avec Prosper Colaisseau, qui en 1617, rendit aveu au château de Thouars de tout ce qui en relevait dans sa terre de Bouillé-Loretz. Sa fille ayant épousé René de Suriette reçut la seigneurie en partage. Elle la légua, en 1670 à René Boexon, son petit-fils.

Les Vacher lui succédèrent, puis les Berthelot, les Peys-Meslier et, de 1758 à 1793, les Honorat de la Rivière Bueil.

 

L’ÉGLISE

En partie détruite à deux reprises au XIVe et au XVIe siècle, l’église paroissiale est partiellement reconstruite au XVIIe siècle. Elle fait l’objet de restaurations au XIXe siècle, notamment entre 1894 et 1901 avec la reprise de la nef et la reconstruction de la flèche en pierre du clocher.

L’église se situe dans le bourg, bordée à l’Ouest et au Sud par une place qui devait autrefois accueillir le cimetière. Le plan de l’édifice résulte de plusieurs campagnes de construction. Il est rectangulaire avec un transept non saillant, et terminé par un chevet plat. La façade divisée en trois parties par des contreforts plats est percée d’un portail en arc brisé surmonté d’une rosace. A l’intérieur, la nef reconstruite au XIXe siècle est divisée en trois’ travées. Le voûtement du transept permet d’établir deux périodes de construction aux XVIe et XVIIe siècles: le bras sud couvert de voûtes d’ogives pénétrantes est datable du XVIe siècle; le bras nord avec ses deux travées de voûtes d’arrêtes séparées par un épais arc doubleau daterait plutôt du XVIIe siècle. Le chœur plus bas que la nef est épaulé à l’Est de contreforts d’angles. Il était autrefois éclairé par une grande fenêtre brisée, murée lors de l’installation du retable du chœur. Un clocher carré est aménagé à l’avant du chœur. La base du clocher date de la fin du Moyen Age. Elle conserve au rez-de-chaussée une voûte d’ogives à nervures prismatiques retombant sur des culots ornés de têtes humaines et de feuilles grasses. La cloche baptisée Madeleine, datée de 1711 est classée Monuments Historiques au titre des objets (date de protection: 20/09/1943).

L’église conserve des éléments anciens caractéristiques de la fin du Moyen Age et début du XVIe siècle: voûtes d’ogives pénétrantes, nervures prismatiques retombant sur des culots ornés de feuilles grasses sculptées. Elle conserve également trois retables en pierre peints.

Le Presbytère. Il n’existe pas d’étude historique de ce monument que le style et une inscription portée sur le portail permettent de dater de la fin du XVIIIe siècle.

Le presbytère se situe dans le bourg, séparé de la rue par un mur de clôture. Ce dernier est percé d’un large portail en plein cintre à bossage surmonté d’une inscription : « SUMPTIBUS D.D. JACOBI GODICHEAU PAROCHI AN D 1776 ». Un ange très érodé est sculpté au dessus de la clé ornée d’une volute. Une porte piétonne surmontée de l’inscription « DOMUS OPTIMA» double cet accès. L’inscription « DOMUS AMICA» à gauche du portail semble indiquer un deuxième accès piéton disparu. Le cadastre de 1814 figure la cour limitée par plusieurs bâtiments. Le logis se développe à l’Est. Il affecte un plan rectangulaire à deux niveaux organisés en trois travées régulières. La travée centrale, sous fronton triangulaire, est soulignée par l’emploi de tuffeau taillé. Un fronton segmentaire coiffe la porte d’entrée. La toiture en croupe est couverte de tuile ronde.

Cet ancien presbytère est construit avec une grande qualité. Le portail se distingue par son décor.

L’Eglise a été ravagée par un incendie le dimanche 20 mars 2016.

Le lancement du chantier de restauration est prévu pour fin septembre 2021.

LES HUIT SIÈCLES DE L’ABBAYE DE FERRIÈRES

A l’orée de la forêt de Brignon, mi-poitevine, mi-angevine, l’abbaye bénédictine Saint-Léonard-de-Ferrière, dont quelques vestiges et un cadran solaire rappellent le souvenir, tenait son nom des mines de fer exploitées jadis à proximité.

Probablement fondée en 979 par Arnault, fils d’Albon, comte de Poitou et léguée, plus tard, au monastère de Tiron, dans le Perche, par Geoffroy de Doué, l’abbaye bénéficia de nombreux dons de la part de la maison de Sauzay (René de Sauzay et son épouse y furent inhumés), des vicomtes de Thouars et plusieurs seigneurs des environs.

Les pieux André Bégon et son épouse, habitant près de Mauléon, léguèrent même aux moines de Ferrières, la totalité de leurs biens et se contentèrent, pour subsister, du strict nécessaire.

La situation de l’abbaye à la lisière des territoires cédés à l’Angleterre en 1360 lui valut d’être souvent menacée par le sénéchal anglais du Poitou. L’abbé et ses religieux qui avaient imprudemment prêté serment au Prince de Galles, sollicitèrent

 

En 1305, peu avant d’être élu pape, l’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got visita Ferrières. En 1470, le prieur commendataire Jeham de Chastel y accueillit Louis XI, se rendant de Thouars au sanctuaire de Puy-Notre-Dame.

Ruinée une première fois au cours de la guerre de Cent Ans, l’abbaye fut saccagée en 1569 par les protestants.

Son église qui mesurait 35 mètres de long sur 8 de large, son clocher et le logis des moines furent restaurés entre 1769 et 1772.

Ferrières qui, au XVème siècle, avait abrité douze religieux, disposait alors de la haute, moyenne et basse justice. Ses revenus s’élevaient en 1648 à quatre mille livres. Elle fut supprimée en 1772 et sa mense conventuelle attribuée au grand séminaire de Poitiers.

 

LA COMMANDERIE DE PUY-PIRAULT

Aux Rues, au sud de l’abbaye de Ferrières, reste de la commanderie de Puy-Pirault, une vieille chapelle désaffectée.

La commanderie, dans laquelle avait été aménagée une magnanerie destinée  à l’élevage des vers à soie appartenait à l’ordre de Saint-Antoine de Viennois, comme celle de Saint-Marc-la-Lande.

Puy-Pirault eut à subir, au cours des siècles, les mêmes vicissitudes que sa voisine l’abbaye de Ferrières. Son dernier prieur commendataire fut, à la veille de la révolution, René-Jacot de Liniers.

 

PIEUSES COUTUMES

  • Les bonnes gens du pays baptisèrent jadis du nom de Saint-Braillard des Saints imaginaires du même nom existent ailleurs, et notamment dans la Vienne, un personnage tenant un cierge et semblant pleurer, figurant, avec d’autres décapités, dans la représentation des adieux de Saint-Benoît et de Sainte-Scolastique, sculptée dans la pierre, au fronton de l’une des portes de la maison de l’abbé, proche de l’église.

  • Longtemps, Saint-Léonard fut, à Bouillé-Loretz, un saint très populaire. On se rendait de tous les alentours à l’abbaye de Ferrières afin d’y vénérer sa rustique statue taillée dans la pierre et naïvement peinte. En 1792, considérant qu’elle n’avait plus sa place dans un édifice à demi ruiné, la Municipalité demanda son transfert à l’église paroissiale. Elle y fut processionnellement conduite, le 17 juin, en présence des officiers municipaux Jean Guiard, Pierre Girard, de l’abbé de Loriol et des notabilités de la commune. Aux côtés de la statue, on remit en place la chaine de forçat aux six anneaux de fer qui l’accompagnait déjà à l’abbaye, chaine qu’il suffit d’appliquer, prétendait-on, sur la partie du corps dont on souffrait, pour être miraculeusement soulagé.

 

FIEFS ET SEIGNEURIES

  • URSAY – A la fin du XIIIème siècle, la baronnie d’Ursay relevait de la seigneurie de la Grise (Neuil-sous-Passavant). Elle appartint aux de la Béraudière depuis Jean (1415) Chambellan de Charles de France, duc d’Orléans qui, en récompense de sa fidélité, lui fit don de cent livres d’or, en passant par Philippe qui, en 1569 se distingua lors du siège de Poitiers par Coligny, jusqu’à Catherine de la Beraudière (1650) épouse de Louis d’Arembert. Vinrent ensuite les d’Astron (1705), les Porthier de Lantimo, les de la Haye-Montbault de la Dubrie qui mirent le domaine en vente en 1776 et les de Charnières.

  • CHANTEMERLE – Cette très vieille seigneurie appartenait, au XVIIIème siècle, à la famille Maillot.

  • LA CITARDIERE – Relevant de Thouars, ce fief appartenait au XVème siècle à Jean de Mage auquel succédèrent, au XVIIème siècle, les Carrion, seigneurs de Noirlieu et au XVIIIème siècle les Drouyneau de Brie. A la veille de la Révolution, le domaine était aux mains de Marguerite Drouyneau de Brie.

  • LES ROCHES – A Jean de Bailleul, seigneur des Roches en 1645 succéda Guy de Bailleul, maintenu noble, François Peys-Meslier, président au Présidial d’Angers (1733) et en 1780 Jacques Honorat Bueil de la Rivière. Charles Bueil de la Rivière, chevalier de Malte, fut maire de la commune sous le Premier Empire.

  • GLANDES – Léguées au prieuré de Tourtenay au XIème siècle, appartinrent aux d’Appelvoisin au XVème siècle et plus tard à la famille de Terves. Charles de Terves fut maintenu noble en 1668.

  • LA COUTURE – Ce vaste domaine, avec sa maison noble, pourvu d’une chapelle, dépendait de la seigneurie d’Airvault. Aux de la Roche qui le possédaient dès 1480 succédèrent les de Vaugirault et, en 1780, Jacques Honorat de la Rivière-Bueil.

UN MEURTRE EN 1497

En l’an 1497, un notaire de Bouillé-Loretz, Guillaume Le Breton, blessa mortellement d’un coup de javeline à la tête, au cours d’un litige compliqué d’un enlèvement de blé, son compatriote Jean Guerrier. Guillaume Le Breton qui, bien que « chargé de femme et enfants » s’était enfui après cette affaire, obtint, quelques mois plus tard une lettre de rémission.

 

À L’ECART DE L’AGITATION RÉVOLUTIONNAIRE

Les citoyens Louis Maillot, syndic de Bouillé-Loretz, Etienne Fournée, notaire et Nicolas Bridier, marchand, représentèrent les habitants de la commune à Saumur le 9 mai 1789, à la réunion du Tiers-Etat.

L’abbé Jean-Baptiste  Lauriol, desservant de la paroisse, assista à Saumur, en 1789 à l’assemblée du clergé. Il y fut choisi pour faire partie de la commission chargée d’établir le cahier de doléances des curés. Ayant prêté serment, il continua d’exercer son ministère jusqu’à la fermeture de l’église.

Le 28 août 1796, la municipalité sollicita des administrateurs du département la reprise des cérémonies du culte. L’abbé Lauriol qui, en 1801, avait rétracté ses différents serments s’éteignit parmi ses paroissiens en 1803.

Les habitants de Bouillé-Loretz, à quelques rares exceptions près, ne participèrent pas à l’insurrection vendéenne.

Jacques Nicolas Honorat de Bueil la Rivière, accusé d’incivisme, fut guillotiné à Saumur en décembre 1793. Marthe Pelteau, domestique des de la Rivière  fut emprisonnée à Saumur.

La plupart des nobles de la commune émigrèrent dès le début de la Révolution, tels MM de la Rivière-Bueil, chevaliers de Malte, qui servirent à l’armée des Princes, de la Rue, du Mosset.

En 1799, un groupe de royalistes mirent le feu à l’habitation du notaire Fournée, connu pour ses opinions républicaines.

Attribuée en 1790 au canton d’Argenton-l’Eglise, la commune fut rattachée en 1801 à celui d’Argenton-Château.

Bouillé-Loretz a vu naître, en 1687, Mathurin Rangeard, le « frère Mathurin » qui fut pendant quinze ans le fidèle compagnon de Louis-Marie Grignon de Montfort, fondateur des frères de Saint-Gabriel qu’il accompagna dans ses missions.

La commune a également donné le jour en 1748 à Louis-Joseph Richou, député de la Convention, qui vota contre la mort de Louis XVI et devint plus tard maire de Thouars.

 

UN ATTERRISSAGE EN 1870

Quelques mois après que Gambetta eut, dans un ballon libre, quitté Paris investi pour aller prendre, à Tours, la direcion de la Défense Nationale, un autre ballon « l’Armée de Bretagne » partit le 6 décembre à 6 heures du matin de la Gare du Nord. Il atterrit à 13 heures 30 à Bouillé-Loretz au lieu-dit « Le Bois des Moines » après avoir heurté la cime de quelques ormeaux. Les nombreuses lettres qu’il transportait furent, dès le soir même, acheminée.

 

PREMIERE COMMUNE VITICOLE DES DEUX-SÈVRES

Bourg commerçant et petite cité industrielle, Bouillé-Loretz, dont les vignobles ont droit à la double appellation contrôlée « Anjou » et « Coteaux du Thouet de l’Argenton » s’enorgueillit justement du titre de « première commune vinicole des Deux-Sèvres.

Chaque année, en novembre depuis 1948, au cours de la populaire fête des vendanges, la « Confrérie de la Canette », fondée la même année par  M. Louis Protteau, maire de la commune depuis 1947 et ancien président national de la Fédération Nationale des Associations Gastronomiques et Vineuses, procède à l’intronisation de nouveaux chevaliers.

Source  Maurice Poignat Le pays thouarsais

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